La Fédération française du bâtiment constate une baisse importante des autorisations de permis de construire de logements collectifs sur l’ensemble du territoire français. Cela risque de se traduire par un phénomène national de pénurie inconnu dans cette proportion depuis 30 ans. Il s’agit d’une situation inquiétante pour tout le secteur du bâtiment. On estime aujourd’hui à près de 40 % l’activité des entreprises du bâtiment qui sera affectée par l’effondrement du nombre de logements autorisés et consécutivement de celui des mises en chantier. Le choc de l’offre promis par le gouvernement n’a pas eu lieu, bien au contraire.

Dans notre département, et plus précisément dans la métropole de Strasbourg, le marché demeure relativement soutenu. Un grand nombre de projets d’envergure avaient en effet été initiés avant les élections municipales de l’année dernière. Ces projets, souvent revus par la nouvelle équipe municipale, permettent de conserver une activité correcte dans la métropole strasbourgeoise (plus de 3 000 logements privés et sociaux autorisés par an contre plus de 5 000 par an certaines années particulièrement dynamiques). Nous percevons une grande inquiétude parmi les promoteurs actifs sur le marché du neuf, la construction de logements pour les ménages – même durables – est discréditée dans de nombreux discours et n’est malheureusement plus aujourd’hui perçue comme un acte noble. On peut sérieusement s’interroger sur la capacité de notre pays à assurer l’une de ses missions quasi régaliennes, celle de garantir aux générations futures l’accès à un logement abordable.

Aujourd’hui, construire des logements est trop souvent traduit par « bétonisation », un terme qui évoque une volonté de densifier la ville au détriment de la qualité de vie des habitants. C’est un paradoxe puisque la promotion immobilière reconstruit depuis longtemps la ville sur la ville, que la sobriété foncière est un axe majeur des politiques publiques et que les promoteurs n’ont jamais construit de façon aussi vertueuse d’un point de vue environnemental. Les acteurs du secteur ont en outre encore renforcé le dialogue et la concertation avec les élus et les riverains. Les promoteurs et les architectes font aujourd’hui face à un ensemble d’injonctions contradictoires : bâtir dans tous les territoires un nombre suffisant de logements pour répondre à la demande des ménages, mais sans grande hauteur, sans densité et sans consommation foncière… Les élus locaux craignent les réactions exacerbées de leurs électeurs parfois riverains des projets, qui demandent des logements abordables, mais construits « nimby » !

Les Anglo-Saxons disent « Not In My Backyard ». En français, cela signifie « pas à côté de chez moi ». En clair, les habitants sont ravis de trouver de nouveaux logements, mais ces derniers ne doivent pas être situés à côté de chez eux. Ce « nimby » crée une pression sur les élus de plus en plus réticents à délivrer des permis de construire.